Extrait
Chevaliers de Saint-Michel
Guy Autret, seigneur de Missirien, admis dans l’ordre de Saint-Michel vers le règne de Louis XIII, est qualifié chevalier de l’ordre du roi dans l’histoire généalogique de la maison de Budes par l’abbé Le Laboureur, aumonier du roy, imprimée à Paris en 1656, page 75. [Il étoit fils de Claude Autret, seigneur de Lésouach, et de Gillette du Plessis. Ses armes d’argent à 4 trangles ondées d’azur.]
Gui Autret, seigneur de Missirien et de Lesergué en Ergué-Gabéric, faisait partie de l’Ordre de Saint-Michel dès l’année 1636. Cette faveur du roi se rattache évidemment à la période de ses services militaires qui sont restés inconnus jusqu’à ce jour, mais dont l’existence est attestée par Gui Autret lui-même, en plusieurs passages de ses ouvrages. Lorsqu’il se fut retiré dans son manoir de Lezergué, il se consacra entièrement à l’étude de l’histoire. Il a laissé 1o un ouvrage intitulé : Annotations, où l’on traite sommairement du privilèges des Nobles de Bretagne, touchant l’arrière-ban, et de la nécessité de la guerre contre l’Espagne, Nantes, Hylaire Mauclerc, 1637, in-4o de 45 pages ; 2o une seconde édition des Vies des Saints de Bretagne, d’Albert le Grand, à laquelle il fit des additions et des corrections importantes. Il travailla, pendant quinze ans, à une Histoire généalogique des rois, ducs, comtes et princes de Bretagne, qui n’a jamais été publiée, et dont il ne reste que le Projet, in-4o, Nantes, Mauclerc, 1642. Il étudia aussi particulièrement l’histoire des familles bretonnes. Il composa sur titres une Histoire généalogique de la Maison de Goulaine, un volume petit in-fo manuscrit, aux archives de M. le marquis de Goulaine, et dont M. A. de la Borderie a fait la description en publiant dans les Mélanges historiques et littéraires de la Société des Bibliophiles Bretons, le très curieux Livre de Marguerite de Bretagne. Il dressa une généalogie de la Maison de Coëtquen, suivant le témoignage du comte d’Hozier, dans son recueil sur l’ordre de Saint Michel. Le fonds des Blancs-Manteaux (Bibliothèque Nationale) possède un mémoire généalogique écrit de sa main sur la famille de Plusquellec ; et la Bibliothèque de Rennes plusieurs recueils manuscrits dont il est l’auteur. Enfin, Jean Le Laboureur, dans son Histoire des Budes, déclare qu’il doit au sieur de Missirien « les beaux mémoires » sur lesquels il a pu réédifier la généalogie des Guémadeuc, depuis l’an 1300.
Du fond de son manoir, Gui Autret s’intéressait également aux études classiques et à l’instruction de la jeunesse. M. Ch. Fierville (Histoire du Collège de Quimper, 1864) nous apprend qu’il fit en 1642 les frais des prix qui furent distribués par les Jésuites à leurs élèves. Deux de ces volumes sont parvenus jusqu’à nous. Le premier, les Œuvres de Saint Epiphame, « est un beau volume in-8o de 586 feuillets, doré sur tranche et dont la couverture est retenue par quatre attaches en soie verte. Il appartient à la bibliothèque de M. le comte de Carné, de Quimper. Le second, « un bel Hérodote, in-fo de 708 pages, édition de Paul Estienne », appartient à la bibliothèque du Collège. Ces deux volumes qui portent sur le plat les armes de Gui Autret de Missirien, avaient été décernés à René de Carné, élève de rhétorique, comme prix d’enseignement religieux récité en grec et premier prix de discours grec (solutae orationis graecae). M. Fierville pense que René de Camé était le fils du gouverneur de Quimper, qui fut, comme son père, décoré de l’ordre de Saint-Michel. Mais René de Carné, chevalier de l’ordre, naquit en 1619 d’après d’Hozier, et avait 23 ans en 1642. Il s’agit donc probablement ici d’un autre René, cousin germain du premier, fils de Charles, chevalier de l’ordre du roi, et qui entra dans la Compagnie de Jésus. Gui Autret mourut en 1660 sans enfants des deux femmes qu’il avait épousées : 1o Blanche de Lohéac, 2 Françoise Le Borgne, fille d’Alexandre, seigneur de Lesquifiliou, et de Jeanne de Lanuzouarn, veuve de Pierre de Kerampuil et sœur de Jean Le Borgne, chevalier de l’ordre du roi.