Extrait
Chevaliers de Saint-Michel
Claude Anger, seigneur et baron de Crapado, de la Rivière, de la Chauvelière, et gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, et lieutenant de la compagnie de cent hommes d’armes du duc de Montpensier, admis dans l’ordre de Saint-Michel vers le règne de Charles IX, est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans le procès-verbal de réformation de la coutume de Bretagne du 15 août 1575 où il comparu comme député de la noblesse de l’évêché de Nantes [(Coutumier général, Paris, 1615, pages 798 et 801)], et encor dans un acte du 26 février 1592. [Il avoit été elevé dans la maison du duc de Montpensier et avoit toujours témoigné beaucoup d’attachement pour le roy, mais depuis le marquis d’Acérac ayant cherché à corrompre sa fidélité se determina à livrer à l’ennemi la ville de Rennes et le duc lui-même. La conspiration ayant été découverte, le conseil de guerre le condamna à perdre la tete en 1592.] Il mourut en 1593. [Il étoit fils de René Anger, seigneur et baron de Crapado, et de Louise de Scepeaux. Ses armes de vair et un baton de gueules en bande brochant sur le tout.]
Claude Anger épousa, en 1578, Marguerite Le Roux, fille de N... le Roux, seigneur de la Roche des Aubiers, en Anjou. Ce fut le 4 février 1593 qu’il eut la tête tranchée sur une place publique de Rennes. « Cette mort, dit M. de Thou, causa de grands murmures ; et la plupart furent indignés que, sous les yeux du Parlement et dans la capitale de la province, un homme d’une noblesse distinguée eût été condamné à mort par d’autres que par ses juges naturels » (Livre CIII). Le journal de Jehan Pichart présente un aussi frappant témoignage de la stupeur générale : « Voilà une terrible tragédie. M. de Crapado, grand seigneur et de grande maison, parent de M. le duc de Montpensier, a la teste tranchée en spectacle de tout le monde. II n’y a que cinq jours qu’il alloit comme député de la noblesse de Bretagne, trouver le roi. Il est accusé de trahison. Jamais homme n’avait fait plus d’actions de serviteur du roi, ni parlé si haut que lui pour le service du roi et de sa Majesté. Et quant à moy, j’eusse estimé tout le monde de la Ligue, paravant que de l’en accuser. J’ay oui dire que le roi avait trouvé bon l’exécution, mais qu’il trouvait mauvais la forme d’icelle, y ayant en cette ville une Cour souveraine à laquelle on avait osté la connaissance. » (Dom Taillandier, colonne 1732). M. Anatole de Barthélémy, dans ses Documents inédits sur la Ligue en Bretagne, a publié l’interrogatoire de Claude Anger, qu’il a découvert aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. Il résulte de cette pièce que le seigneur de Crapado s’était laissé persuader, avec une extrême difficulté, d’entrer dans la conspiration. Le marquis d’Assérac avait fait briller à ses yeux une place de maréchal de camp dans l’armée du duc de Mercœur, le poste de gouverneur de Rennes et une somme de 10.000 écus. On avait, de plus, beaucoup insisté auprès de lui sur l’utilité de cette entreprise, au point de vue de la religion. Il refusa longtemps, en dépit des belles offres d’Assérac ; et ne finit par accepter, dit-il, qu’en se promettant bien de n’en rien faire. Il signa cependant, pour sûreté, un engagement vis-à-vis du duc de Mercœur, en retour duquel il devait recevoir une somme de 1800 écus ; mais il nia toujours avoir accepté la pensée d’assassiner M. de Montbarot, gouverneur de Rennes. Mis à la torture, il ne rétracta rien, et ne fit aucun aveu nouveau. En résumé, le jugement fut bien sévère ; et là, comme trop souvent, ce ne fut pas le plus coupable qui porta la peine. Claude Anger avait combattu maintes fois pour le service du roi, et avait accompli, pour sa cause, de nombreux sacrifices d’argent. A la fin de son interrogatoire, il supplie « Mgr de Montpensier d’avoir pitié de sa femme et de ses enfans... et qu’on lesse à sa femme les deniers qu’il peut avoir et meubles, parce qu’elle est nécessiteuse ; et qu’il plaise à sa grandeur avoir esgard à les faire récompenser des pertes qu’il a faictes au service de sa Majesté ».
Claude Anger, seigneur et baron de Crapado, de la Rivière et de la Chauvelière, est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un acte du 4 novembre 1626 [(titres de messieurs de Vahais de Vauloger). Il étoit fils de Claude Anger, baron de Crapado, chevalier de l’ordre du roy, et de Margueritte Roux. Ses armes comme cy devant].
Claude Anger épousa : 1o en 1604 Marguerite d’Arconnay ; 2o Diane de Brinon, veuve d’Antoine du Val, conseiller au parlement de Rouen.