Extrait
Chevaliers de Saint-Michel
Philippes de Volvire, marquis de Ruffec, vicomte du Bois-de-la-Roche, seigneur de Saint-Brice, etc., gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, conseiller en son Conseil Privé, capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en Bretagne, en Angoumois, en Saintonge et dans le pays d’Aunis, ambassadeur en Allemagne, nommé maréchal de France et chevalier du Saint-Esprit le 31 décembre 1582, avoit été reçu chevalier de l’ordre de Saint-Michel par le duc d’Anjou à Melun le 17 février 1568, et on le trouve en conséquence qualifié chevalier de l’ordre du roy dans une montre du 25 décembre 1569 où il est nommé Philippes de Ruffect, seigneur dudit lieu, et au bas de laquelle est son sceau entouré du collier du dit ordre [(original, Bibliothèque du roy)]. Il rendit son nom célèbre dans les guerres de son temps. Au mois de mars 1559 il obtint du roy François II une gratification de 500 livres en considération de services qu’il avoit rendus au roy Henry II. Il s’etoit trouvé au siège de Mets en 1552 et on le trouve compris dès l’an 1557 dans les états des gentilshommes de la chambre du roy, charge dans laquelle il fut successivement confirmé par François Ier et Charles IX. Il se trouva en 1569 au siège de Poitiers [qu’il défendit contre les religionnaires], et fut nommé conseiller d’État le 4 juillet 1570 en récompense [(dit Sa Majesté)] « des grands et agreables services qu’il avoit rendus à Sa Majesté et aux roys ses prédécesseurs en leurs guerres et auprès de leurs personnes ». Le 12 septembre de la même année il fut fait capitaine de 50 hommes d’armes quoiqu’il en prit déjà le titre des le 25 décembre 1569, reçut sur les fonds de l’Épargne le 20 avril 1571 une somme de 2500 livres pour un voyage qu’il avoit fait l’année précédente en Allemagne près l’empereur et de plusieurs autres princes, avoit été pourvu le 15 janvier de la même année de la charge de lieutenant général au gouvernement de Bretagne et le 26 juillet suivant il obtint encor celle de gouverneur et lieutenant général de la ville et pays d’Angoumois, en considération (dit Sa Majesté) « de sa suffisance et de ses grands services tant à la guerre qu’en plusieurs négociations et charges de grande importance ». Quoique ce gouvernement fut très considérable, la conjoncture des temps le rendit encor si important qu’il donna de la jalousie aux princes, et le duc de Montpensier prétendit en vain s’en faire percevoir à son exclusion parce qu’il luy ferma les portes d’Angouleme quoiqu’il fut chargé des ordres du roy, mais le marquis de Ruffec avoit été sur cela d’intelligence avec la Reine mère qui le soutenoit de son crédit ainsy que le duc d’Anjou. [Cependant l’Etoille observe que lorsque le duc se présenta pour prendre possession d’Angoulême au nom du duc d’Alençon, Ruffec persista dans son refus malgré les jussions réitérées du roy et de la reine mere dont les gouverneurs faisoient peu d’état dans ce temps là étant rois eux même dans leurs gouvernements. Le seigneur de Ruffec s’étoit acquis dans le sien l’amour et l’estime des peuples, mais quoique tous les habitans de l’Angoumois se fussent sacrifiés pour luy, il ne pensa jamais à se soustraire à l’obéissance qu’il devoit à son souverain. Sire lui disoit-il dans son mémoire, je fus blessé à la bataille de Saint-Quentin, je l’ai été depuis trois fois sous les yeux de Vôtre Majesté à Jarnac, à Moncontour, et au siège de la Rochelle ; ma vigilance et peut-être quelques heureux combatz contre vos sujets de la nouvelle regligion m’ont particulièrement attiré leur haine ; ils l’ont signalée en ravageant mes terres à un tel excès que de long temps je ne puis espérer d’en rien retirer. Eh quoy ! Sire un simple juge dans un de vos parlements prétendra qu’il faut commencer par lui faire son procès avant que de lui ôter son office, et un gentilhomme d’une ancienne race sera déplacé d’un moment à l’autre quoique son zèle et sa fidélité ne se soient jamais démentis ! J’espère Sire que vôtre justice me protégera contre ceux qui veulent vous persuader de me dépouiller de la récompense que m’ont acquise mes services, ceux de mes ancestres, leur sang et le mien répandu pour la patrie ; je ne parle point de la dévastation des héritages qu’ils m’ont laissés. Ce mémoire fit vraisemblablement sur le roy l’impression qu’il en attendoit, car il resta en possession de son gouvernement, et même l’année suivante le roy lui écrivit avec éloge à l’occasion de la ville de Montaigu reprise sur les huguenots et d’une rencontre où il les avoit battus.] Il obtint vers le même temps des lettres d’érection en marquisat de sa baronie de Ruffec dans lesquelles le roy luy donne le titre de cousin ce qui étoit relativement à sa qualité de chevalier de l’ordre. Il se trouva au siège de Brouage en 1577, fut envoyé en Allemagne le 12 novembre de la même année pour négocier le mariage du duc d’Anjou avec la seconde fille d’Auguste, duc de Saxe, et fut chargé de voir à son retour le landgrave de Hesse et le duc de Wurtemberg pour les entretenir dans le party du roy. Il obtint du roy une gratification de 2000 livres le 1er août 1578, assista en 1580 aux États de Bretagne tenus pour la réformation des communes[1] de cette province, et en 1582 Sa Majesté luy augmenta sa compagnie d’ordonnance de 50 hommes d’armes pour en former une de cent. Le 23 juillet 1583 le roy le fit lieutenant général au gouvernement de la Rochelle, de Saintonge et du pays d’Aunis, et luy accorda l’expectation du premier état de maréchal de France qui viendroit à vaquer, mais sa mort arrivée le 6 janvier 1585 prévint ce dernier coup de la fortune. Le marquis de Ruffec fit toute sa vie la guerre aux huguenots, et sçut toujours maintenir la religion catholique dans ses gouvernemens. Les habitans d’Angoulême qui s’etoient toujours fort ressenti de sa protection voulant rendre hommage à sa mémoire, envoyèrent demander son corps à la marquise de Ruffec sa veuve (Anne de Daillon du Lude) et l’inhumèrent dans l’église cathédralle de Saint-Pierre avec tous les honneurs dus à sa qualité et à ses mérites. [Il étoit fils de René de Volvire, baron de Ruffec, commandant la noblesse du ban et arrière ban d’Angoumois, et de Catherine de Montauban. Ses armes burelé d’or et de gueules de dix pièces ; écartelé de gueules à neuf mâcles d’or posées 3, 3 et 3, et un lambel de quatre pendans brochant sur les trois premières mâcles. Et sur le tout pallé d’or et de gueules de six pièces.][2]
Henry de Volvire, comte du Bois de la Roche, conseiller d’État d’épée, en son Conseil Privé, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, maréchal de ses camps et armées, fut admis à ce qu’il paroit dans l’ordre de Saint-Michel sous le règne d’Henry IV, et on le trouve qualifié chevalier de l’ordre du roy dans le IXe volume des Grands officiers de la Couronne, page 76 [ainsi que dans les manuscrits du juge d’armes de France sur cette maison]. Il avoit été reçu sur les fonts du bâteme par le roy Henry III et la duchesse de Savoye ; et le roy Henry IV dont il étoit gentilhomme de la chambre dès 1605, luy accorda au mois de fevrier 1607 des lettres d’érection en comté de la vicomté du Bois de la Roche. Il commanda la noblesse volontaire lorsque monsieur de Soubise et les anglois voulurent surprendre le Port-Louis. Il fut fait marechal de camp le 20 septembre 1627 et nommé le 8 novembre suivant pour commander en Bretagne à la place du maréchal de Thémines. Il présida aux États de la province tenus à Ploërmel par le duc de Vendôme, fut nommé chevalier de l’ordre du Saint-Esprit et mourut avant d’en avoir reçu le collier, ayant servi jusqu’à l’age de 63 ans. [Il étoit fils de Philippes de Volvire, marquis de Ruffec, chevalier des ordres du roy, et d’Anne de Daillon du Lude. Ses armes comme cy devant.]
Notes