Extrait
Chevaliers de Saint-Michel
Jean de Rieux, sire de Rieux et de Rochefort, baron d’Ancenis, comte d’Aumalle et de Harcourt, vicomte de Donges, seigneur de Largoët[1], conseiller chambellan ordinaire du roy, capitaine de 50 lances de ses ordonnances et maréchal de Bretagne, fut nommé chevalier de l’ordre de Saint-Michel par le roy Charles VIII, et l’on a tout lieu de croire que ce fut en 1488, époque de son entrée au service de ce monarque et de la mort du duc de Bretagne. On ne le trouve cependant qualifié chevalier de l’ordre du roy que dans un acte du 15 janvier 1498 (1499) [(Histoire de Bretagne par Dom Morice, Paris, 1746, Preuves, volue 3, page 827)]. Il étoit né le 27 juin 1447 et servit avec grande distinction dans les armées de François, duc de Bretagne. Il souscrivit au traité de paix fait entre ce prince et le roy Louis XI, à l’occasion de la guerre qui avoit pour prétexte le bien public en 1464 ; fut nommé maréchal de Bretagne en 1470 et lieutenant-général des armées du duc, le 5 septembre 1472. Ce prince l’établit encor peu de temps après capitaine de la ville de Rennes, ce qui ne l’empêcha pas de prendre les armes contre luy en 1484 ; mais depuis il reconnut sa faute, et le duc le rétablit dans les emplois dont il l’avoit dépouillé et luy donna le commandement de l’avant-garde de son armée à la bataille de Saint-Aubin du Cormier en 1488. Le maréchal de Rieux avoit remis quelque temps avant plusieurs places de Bretagne sous son obéissance. Après la mort du duc qui l’avoit nommé par son testament tuteur des deux princesses ses filles, il entra au service du roy Charles VIII, et eut beaucoup de part au mariage de ce monarque avec la duchesse Anne de Bretagne. Il l’accompagna à son expédition de Naples, et facilita l’entrée aux troupes françoises par la valeur qu’il fit paroître dans cette occasion. Ce prince, en reconnoissance d’un service aussy signalé, luy fit don d’une rente de 2000 livres à prendre sur son trésor, et d’une gratification annuelle de 600 livres à recevoir sur le domaine de Normandie. A la mort de Charles VIII, il assista au mariage de la reine, sa veuve, avec le roy Louis XII, qui le chargea conjointement avec le maréchal de Gyé du commandement de l’armée qu’il envoya sur les frontières de l’Espagne en Roussillon, et mit le siège devant la ville de Salces. Depuis il s’entremit du mariage de la fille aînée du roy avec le comte d’Angoulême. Il étoit pourvu le 21 novembre 1500 d’une charge de chambellan du roy et commandoit alors une compagnie de 50 lances, quoique dans une quittance du 29 novembre 1495, il prit la qualité de capitaine de 60 lances fournies des grandes ordonnances. Il mourut le neuf février 1518. [Il étoit fils de François, sire de Rieux et de Rochefort, comte de Harcourt, vicomte de Donges, baron d’Ancenis, chevalier de l’ordre de l’Hermine, lieutenant général en Bretagne, et de Jeanne de Rohan. Ses armes d’azur à 5 bezans d’or posés 2, 2 et 1, écartelé d’un vairé d’or et d’azur, et sur le tout de gueules à deux fasces d’or.]
Jean de Rieux épousa 1o en 1461 Françoise Raguenel, dame de Malestroit, fille aînée de Jean et de Gillette de Châteaugiron, qui mourut en 1481 ; 2o en 1495, Claude de Maillé, fille d’Hardouin et de Perronnelle d’Amboise, « suffoquée du feu qui prit par accident au château d’Elneuf » ; 3o Isabeau de Brosse, fille de Jean III, comte de Penthièvre, et de Louise de Laval, qui mourut en 1517.
Claude de Rieux, sire de Rieux, d’Ancenis et de Rochefort, comte de Harcourt et d’Aumalle, vicomte de Donges, seigneur de Châteauneuf, de Largouët et de Réomet, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, et capitaine de 50 lances de ses ordonnances, fut honoré de l’ordre de Saint-Michel par le roy François 1er et assista en qualité de chevalier au chapitre de cet ordre tenu le jour de Saint-Michel 1527, dans l’abbaye de Saint-Comille de Compiègne [(Manuscrits de M. de Gaignières sur cet ordre, Bibliothèque du roy)]. On lit dans l’Histoire des grands officiers de la Couronne, article de cette maison, qu’à une quittance qu’il donna le 8 juin 1529 étoit attaché un sceau autour duquel on distinguait le collier d’un ordre. Il est donc visible que c’étoit celui de Saint-Michel. De plus on le trouve rappellé avec la qualité de chevalier de l’ordre du roy dans un acte du 12 juillet 1532 postérieur à sa mort, qui luy donne celle de [noble et puissant seigneur] Monseigneur [(Histoire généalogique de la maison de Harcourt, volume 2, page 1513)]. Claude de Rieux, né le 15 février 1497, accompagna le roy François Ier en toutes ses expéditions d’Italie ; et fut fait chevalier à la journée de Sainte-Brigitte, exerçoit la charge de maréchal de camp à la bataille de Pavie, en 1525, où il fut fait prisonnier. Ayant obtenu sa liberté, après avoir payé une rançon considérable, il fut l’un des otages qui par le traité de Madrid de l’an 1526 furent donnés à l’empereur Charles V pour la délivrance du roy. On le trouve compris aux gages de 1200 livres dans les états des gentilshommes de la chambre de Sa Majesté, depuis cette époque jusqu’à sa mort arrivée le 19 may 1532. [Il étoit fils de Jean, sire de Rieux, chevalier de l’ordre du roy, et d’Isabeau de Brosse. Ses armes d’azur à 5 bezans d’or posés 2, 2 et 1 ; écartelé d’un vairé d’or et d’azur ; et sur le tout de gueules à 2 fasces d’or.]
Claude de Rieux épousa 1o en novembre 1518 par l’entremise du roi François Ier, Catherine de Laval, fille de Gui, comte de Laval, et de Catherine d’Aragon, qui mourut le 31 décembre 1526 ; 2o le 29 novembre 1529 Suzanne de Bourbon, fille de Louis, prince de la Roche-sur-Yon, et de Louise de Bourbon-Montpensier.
Jean de Rieux, sire et marquis d’Acérac, vicomte de Guiguen, seigneur de Faugaret, de Betton, de Thoyre, etc., gentilhomme ordinaire de la chambre du roy portant la clef d’or, lieutenant général pour Sa Majesté au gouvernement de Bretagne, gouverneur de Guérande, du Croisic et de Redon [et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1580 mais non reçu], fut reçu chevalier de l’ordre de Saint-Michel par le duc d’Anjou à Melun le 16 février 1568 et on le trouve en conséquence qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un acte du 15 juin 1573. Il servoit dès l’an 1560 en qualité de guidon de la compagnie de 50 lances du marquis d’Elbœuf ; est compris aux gages de 600 livres dans les états des gentilshommes de la chambre des roys Charles IX et Henri III des années 1570, 1571, 1572, 1573, 1574, 1575 et 1585 ; obtint de ce dernier monarque au mois de septembre 1574 des lettres patentes portant érection de la terre d’Acérac en marquisat, dans lesquelles il luy donne le titre de cousin ; et fut nommé lieutenant de roy en Bretagne en l’absence du duc de Montpensier, le 27 septembre 1576. [il fut tué à Paris en 1595. Il étoit fils de François de Rieux, sieur d’Acérac, et de Renée de la Feuillée. Ses armes d’azur à 5 bezans d’or posés 2, 2 et 1, écartelé de … à (quelques) fasces brétecées de …]
Jean de Rieux épousa Philippine de Saint-Amadour, fille de Claude de Saint-Amadour, et de Claude, dame de la Tour-Limosinière [ou plutôt Touche-Limousinière].
René de Rieux, marquis d’Acérac, seigneur de la Feillée, de Belleisle et de l’Isle-Dieu, conseiller chambellan ordinaire du roy, gentilhomme ordinaire de sa chambre, lieutenant de 100 hommes d’armes de ses ordonnances sous la charge du prince de Condé, et chambellan du roy de Navarre, fut reçu chevalier de l’ordre de Saint-Michel aux Chartreux-lez-Paris le 12 mars 1568 par le duc d’Anjou [où il est dénommé Monsieur d’Asserac le jeune], et on le trouve en conséquence qualifié chevalier de l’ordre du roy [et nommé rené de Rieux, seigneur d’Asserac le jeune] dans une quittance qu’il donna au trésorier de l’Épargne le 10 octobre 1569 [(original, chambre des comptes de Paris)] d’une gratification de 1250 livres que le roy Charles IX luy avoit accordée en considération des services qu’il luy avoit rendus dans ses guerres, et encor dans un autre acte original du 7 février 1574. Il est compris aux gages de 600 livres dans les états des gentilshommes de la chambre du roy des années 1566, 1567 et 1568 ; et il mourut le 25 août 1575. [Il étoit fils de François de Rieux, seigneur d’Acerac, et de Renée de la Feillée. Ses armes d’azur à 5 bezans d’or, posés 2, 2 et 1 ; écartelé de … à … fasces bretecées de …]
René de Rieux épousa Marguerite Conan, fille de François et de Jeanne Hennequin.
Guy de Rieux, sire de Rieux et de Châteauneuf, vicomte de Donges, seigneur de la Roche en Savenay, de Sourdéac, d’Omenil et du Plessis-Bertrand, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, lieutenant général pour Sa Majesté au gouverneur de Bretagne et gouverneur de Brest, fut admis dans l’ordre de Saint-Michel sous Charles IX, et il est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un acte original du 7 février 1574 [qui luy donne encor celle la qualité de noble et puissant (original, titres de la maison du Breil de Pontbriand)]. Il se trouva à la bataille de Dreux en 1562, à celle de Saint-Denis en 1557, et encor à celle de Jarnac et de Moncontour, ainsi qu’au siège de Saint-Jean d’Angély en 1569, continua de se signaler à celuy de la Rochelle en 1573, fut blessé dangereusement à l’affaire de Luzignan en 1574 et se trouva encor à la défaite des reitres à Auneau en 1587. Du Paz, dans son Histoire des maisons illustres de Bretagne, imprimé à Paris en 1619, en parle comme d’un valeureux seigneur, homme de grand entendement et d’entreprise. [Il étoit fils de Jean, sire de Rieux et de Sourdéac, et de Beatrix de Joncheres. Ses armes d’azur à dix bezans d’or posés 4, 3, 2 et 1 ; écartelé d’hermines ; et sur le tout de gueules à deux fasces d’or.]
Guy de Rieux épousa 1o à Rennes le 11 juin 1560 Anne du Chastel, fille de Claude et de Claude d’Acigné ; 2o Madeleine d’Espinay, fille de Jean, chevalier de l'ordre du roi, et de Marguerite de Scepeauz. Il mourut en mer en 1589 pendant une traversée qu’il faisait pour regagner son gouvernement de Brest.
Il est cité comme <i>chevalier de l’ordre du roy</i> dans l'Histoire généalogique des barons de Chasteaubriand par le père du Paz.
René de Rieux, seigneur de Sourdéac, de Châteauneuf et du Bourg-l’Evéque, marquis d’Oixant, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy portant la clef d’or, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances, lieutenant général pour Sa Majesté en Bretagne, gouverneur de Brest, et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit le 2 janvier 1599, avoit été admis dans l’ordre de Saint-Michel sons Henri III, et il est nommé avec la qualité de chevalier de l’ordre du roy dans deux actes des 29 août 1583 [(manuscrit de M. du Fourny, Bibliothèque du juge d’armes de France)] et 17 novembre 1588 [(original, titres de la maison du Plessis d’Argencé)]. Il avoit été élevé enfant d’honneur du roy Charles IX et entra au service à l’age de 14 ans. Il se signala au siège de la Rochelle en 1573, se trouva à ceux de Saint-Lô et de Carentan et à la bataille de Coutras en 1587. Compris aux gages de 600 livres dans les états des gentilshommes de la chambre du roy Henry III depuis 1575 jusqu’en 1583, obtint de ce monarque une gratification de mil écus le 11 février 1579 et une compagnie de chevaux légérs ; avoit servi précédemment en qualité de lieutenant de la compagnie des gendarmes du seigneur de Bellegarde ; et assista en 1588, aux États de Blois comme député de la noblesse de la province de Bretagne. A la mort du roy Henry IV dont il tint constament le party pendant les divisions de la Ligue, remporta plusieurs places sur les Ligueurs en Bretagne, où il réduisit aussy plusieurs places sous l’obéissance de ce monarque ; maintint la paix dans cette province après qu’il en eut été fait lieutenant général, et contribua à réduire les autres places à leur devoir ; accompagna Sa Majesté à la conquête du duché de Savoye en 1600 ; et mourut à Assé en Anjou le 4 décembre 1628 âgé de 80 ans. [Il étoit fils de Jean de Rieux, seigneur de Rieux, et de Béatrix de Jonchères. Ses armes écartelé au 1 et 4 d’azur à dix bezans d’or posés 4, 3, 2 et 1 ; au 2 et 3 d’hermines et sur le tout de gueules à deux fasces d’or.]
René de Rieux épousa Suzanne de Sainte-Melaine, fille de Jean et de Renée d’Andigné. Dans une lettre du 22 novembre 1589, Henri IV l’appelle « conseiller en mon conseil d’État et premier mareschal de camp de mon armée ». Sa fidélité à ce monarque est trop connue pour que nous ayons à y revenir ; nous rappellerons seulement sa fière réponse à Aymar Hennequin, évêque de Rennes, qui avait entrepris de le gagner à la cause du duc de Mercœur contre le roi de Navarre : « Celui que vous appelez le roi de Navarre est roi de France et le légitime souverain. Si j’estois capable de manquer à la fidélité que je lui dois et que je lui ai jurée, ce ne serait sans doute pas pour aider un cadet de la Maison de Lorraine à devenir duc de Bretagne ; j’y penserais pour moi » (Saint-Foix, Histoire de l’ordre du Saint-Esprit). Il laissa sur la période des guerres de religion dans lesquelles il tint une place si importante, des Mémoires qui malheureusement, ne sont pas venus jusqu’à nous.
Guy de Rieux, marquis d’Oixant, vicomte de la Bouteveillaye, baron du Bourg-l’Évêque et de Montmartin, seigneur de Sourdéac, etc., lieutenant général pour le roy en Bretagne, gouverneur de Brest, et premier écuyer de la reine Marie de Médicis, est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un acte du 11 juin 1617 [(titres de la maison de Vieuxpont)]. Ce seigneur fut très attaché aux intérêts de la reine Marie de Médicis dont il suivit la fortune et avec laquelle il sortit du royaume ; il fut déclaré criminel de lèze-majesté, et ses biens furent confisqués par arrêts des 17 et 20 novembre 1631. Il mourut à Neufbourg (terre de la maison de Vieuxpont), le 14 novembre 1640. [Il étoit fils de René de Rieux, seigneur de Sourdéac, chevalier des ordres du roy, et de Suzanne de Sainte Melaine. Ses armes comme cy devant.]
Guy de Rieux épousa en juin 1617 Louise de Vieuxpont, fille d’Alexandre, chevalier de l'ordre du roi, et de Renée-Lucrèce de Tournemine.
Notes
- ↑ Cette terre a été rayée de la première partie de l’ouvrage (ordre chronologique des promotions).