Extraits
Chevaliers de Saint-Michel
Jean de Coëtquen, marquis de Coëtquen, comte de Combourg, baron du Vaurufier, vicomte d’Uzel et de Rougé, seigneur de la Houssaye, de Mezengé, de la Poraye et du Marchais, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, portant la clef d’or, capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, lieutenant général pour Sa Majesté au gouvernement de Brest, gouverneur de Saint-Malo, et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit le 9 janvier 1595, [nommé chevalier de l’ordre de Saint Michel le 18 février 1569] et en reçut le collier des mains du vicomte de Martigues, chevalier du même ordre [(recueil manuscrit des chevaliers de Saint-Michel fait en 1620 par Pierre d’Hozier, gentilhomme ordinaire de la maison du roy, Bibliothèque du roy)]. [Il est nommé Jean de Couesquen, chevalier de l’ordre du roy dans une montre du 23 avril 1569 (original Bibliothèque du roy).] Il se trouva aux batailles de Dreux, de Saint-Denis et de Montcontour en 1562, 1567 et 1569, étant déjà à cette derniere époque capitaine de 50 lances, obtint du roy Henry III en 1576 des lettres d’érection de la terre de Coëtquen en marquisat, de celle de Combourg en comté, de celles de Rougé et d’Uzel en vicomté, et enfin de celle du Vaurufier en baronie, et fut député de la noblesse de Saint-Malo pour la réformation des Coutumes de Bretagne le 26 septembre de la même année. Le roy l’admit en 1576 dans les États des gentilshommes de sa chambre [et on le trouve compris dans les états des gentilshommes de la chambre de 1579 à 1583]. Il se trouva au siège d’Auneau en 1587 et fut (au raport de M. de Thou) le principal appuy des affaires du roy en Bretagne. L’un des témoins nommés dans l’enquête faite à l’occasion de sa réception dans l’ordre du Saint Esprit, déposa qu’il estoit l’un des « plus anciens capitaines de gendarmes de la France, qu’il avoit été chargé des reitres en tous les voyages de Piémont, à la bataille de Montcontour et autres, que depuis la reprise de la ville de Rennes, ayant été mandaté par le sieur de Bréquigny, sénéchal de Rennes, il fut le premier des seigneurs qui se rendirent en la ditte ville avec quarante gentilshommes bien armez et montez pour la défense de la ville, qu’il s’opposa aux entreprises du duc de Mercœur, qui tenoit la ville de Vitré assiégée, qu’à son exemple les autres seigneurs vinrent à Rennes, ce qui fut le fondement de la conservation du pays, qu’a luy étoit due la reprise de Montcontour et la défaite des ennemis à Loudéac au mois d’avril 1591 quoiqu’ils eussent deux fois plus de troupes que luy, et qu’en toutes les batailles, sièges et prises de villes, il avoit été assidu auprez des duc de Montpensier, du maréchal d’Aumont et des autres lieutenans généraux qui avoient commandé en Bretagne, ce qui avoit déterminé le roy à le faire son lieutenant général audit pays ». Le marquis de Coëtquen mourut à son château du Vaurufier le 29 juin 1604 dans un age fort avancé. [Il étoit fils de François, sire de Coëtquen (on le trouve qualifié chevalier de l’ordre du roy dans une ancienne généalogie de cette maison dressée sous Louis XIII par Guy Autret, seigneur de Missirien, chevalier du même ordre, mais il n’est cité avec cette qualité dans aucun acte passé de son vivant, d’où l’on croit savoir conclure qu’il n’en fut jamais décoré), seigneur du Vaurufier, d’Uzel et du Châtelet, capitaine de cent lances des ordonnances du roy, commandant la noblesse des diocèzes de Dol et de Saint-Malo, et de François de Malestroit. Ses armes bandé d’argent et de gueules de six pièces.]
Jean de Coëtquen épousa Philippe d’Acigné, fille de Jean, chevalier de l'ordre du roi, et d’Anne de Montejean. D’Hozier commet une erreur en lui donnant pour femme Renée de Rohan dans la notice de Louis qui suit ; il passe une génération.
Jean de Coëtquen qui épousa Renée de Rohan et fut père de Louis, était fils de Jean qui précède et de Philippe d’Acigné. Il fut également chevalier de l'ordre du roi d’après J. Le Laboureur (Histoire généalogique des Budes). Il était comte de Combourg, vicomte d’Uzel et de Rougé, baron du Vauruffier, etc., capitaine de 100 hommes d’armes. Il fut tué à la bataille de Loudéac où il assistait son père, le marquis de Coëtquen, contre son beau-frère, Jean d’Avaugour. Renée de Rohan, sa femme, était fille de Louis, prince de Guémené, chevalier de l'ordre du roi, et de Léonore de Rohan. Il l'avait épousée le 14 octobre 1578. Le fonds des Blancs-Manteaux (Bibliothèque nationale) possède une copie de leur contrat de mariage.
Louis, marquis de Coëtquen, comte de Combourg, baron du Vaurufier, vicomte d’Uzel et de Rougé, seigneur d’Aubigné, de la Houssaye, de Mezengé, du Marcheix et du Boulet, conseiller d’État d’épée, gouverneur de Saint-Malo et de la Tour de Solidor, et mestre de camps d’un régiment de 1200 hommes, se trouva aux sièges de Saint-Jean d’Angély et de Royan, et fut tué à celuy de la Rochelle, étant décoré de l’ordre de Saint-Michel, son sceau étant entouré du collier de cet ordre à une commission qu’il donna le 15 juillet 1621 [(original, titres de messieurs de Trémigon en Bretagne). Il étoit fils de Jean, marquis de Coëtquen, chevalier de l’ordre du roy, et de Renée de Rohan. Ses armes comme cy devant].
Louis de Coëtquen épousa Henriette d’Orléans, fille de François, marquis de Rothelin, et de Jeanne du Val.
François de Coëtquen, sire de Coëtquen, seigneur du Vaurufier, d’Uzel, du Châtelet, etc., capitaine de cent lances des ordonnances du roy et commandant la noblesse du ban et arrière ban des évêchés de Dol et de Saint-Malo, vivant sous François Ier, est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans une ancienne généalogie de cette maison dressée vers le règne de Louis XIII par Guy Autret, seigneur de Missirien, chevalier dudit ordre, mais on ne luy trouve cette qualité dans aucun acte.
François de Coëtquen était fils de Jean et de Hardouine de Surgères. Il épousa Françoise de Malestroit, dame d’Uzel et de la Sorays.
Mémoires du duc de Saint-Simon
J'avois lié une amitié intime avec le comte de Coetquen[1] qui estoit dans la mesme compagnie. Il sçavoit infiniment et agréablement, et avoit beaucoup d'esprit et de douceur, qui rendoit son commerce très aimable. Avec cela assés particulier et encore plus paresseux, extremement riche par sa mere, qui estoit une fille de Saint-Malo, et point de père. Ce soir là de Mariembourg[2], il nous devoit donner à souper à plusieurs. J'allay de bonne heure à sa tente où je le trouvay sur son lit d'où je le chassay en folastrant, et me couchay dessus en sa place en presence de plusieurs de nous autres et de quelques officiers. Coesquen en badinant prit son fusil qu'il comptoit dechargé, et me couche en joue. Mais la surprise fut grande lorsqu'on entendit le coup partir. Heureusement pour moi j'estois en ce moment couché tout à plat. 3 bales passèrent à 3 doigts par-dessus ma teste, et comme le fusil estoit en joue un peu en montant, ces mesmes balles passerent sur la teste, mais fort près, à nos deux gouverneurs qui se promenoient derriere la tente. Coesquen se trouva mal du malheur qu'il avoit pensé causer, nous eusmes toutes les peines du monde à le remettre, et il n'en put bien revenir de plusieurs jours. Je rapporte cecy pour une leçon qui doit apprendre à ne badiner jamais avec les armes.
Le pauvre garçon, pour achever de suite ce qui le regarde, ne survescut pas longtemps. Il entra bientôt dans le Regiment du Roy, et sur le point de l'aller joindre au printemps suivant, il me vint conter qu'il s'étoit fait dire sa bonne aventure par une femme nommée la du Perchoir, qui en faisoit secrestement mestier à Paris, qu'elle luy avoit dit qu'il seroit noyé et bientost. Je le gronday d'une curiosité si dangereuse et si folle, et je me flattay de l'ignorance de ces sortes de personnes, et que celle-là en avoit jugé de la sorte sur la physionomie effectivement triste et sinistre de mon ami, qui estoit tres desagreablement laid. Il partit peu de jours apres, trouva un autre homme de ce metier à Amiens, qui luy fit la mesme prediction. Et marchant avec le Regiment du Roy pour joindre l'armée, il voulut abreuver son cheval dans l'Escaut et s'y noya, en presence de tout le regiment, sans avoir pu estre secouru. J'y eus un extreme regret, et ce fut pour ses amis et pour sa famille une perte irreparable. Il n'avoit que deux sœurs, dont l'une espousa le fils aisné de M. de Montchevreuil, et l'autre s'estoit faitte religieuse au Calvaire.
Notes