Famille de la Noue

Extrait

Chevaliers de Saint-Michel

François de la Nouë, seigneur de la Nouë et du Plessis des Tournelles, gentilhomme breton, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances, conseiller d’État d’épée, conseiller en son Conseil Privé, maréchal de ses camps et armées, et général de l’armée des États des Pays-Bas sous le duc d’Anjou, fut admis dans l’ordre de Saint-Michel et on le trouve rappellé avec la qualité de chevalier de l’ordre du roy dans un acte du 9 octobre 1591 postérieur à sa mort et produit en original [(communiqué par la maison de Champagne de la Suze)]. Cet homme célèbre naquit en 1531 ; il servit d’abord en Italie et à son retour en France il se jetta dans le party des religionaires dont il devint par la suitte un des principaux chefs. Il surprit Orléans sur les catholiques avec 300 hommes de cavalerie le 28 septembre 1567 ; se trouva en la même année à la bataille de Saint-Denis, où il fut fait prisonnier, de même qu’à celle de Jarnac en 1569, où il donna des preuves de la plus grande valeur. Le duc de Montpensier y prononça même sa sentence de mort : Mon amy (lui dît-il durement), votre procès est fait et de vous et de tous vos compagnons ; songez à votre conscience. En effet, peu s’en fallut qu’il ne luy en coutat la vie ; et ce fut Martigues, [capitaine de l’armée royalle] qu’on appelait le soldat sans peur [et qui avoit été camarade de la Nouë] qui le sauva de ce mauvais pas. Il fut ensuite échangé. Comme il sembloit que sa destinée étoit de tomber dans toutes les rencontres entre les mains des ennemis, il éprouva encore le même sort à la bataille de Moncontour où il conduisoit avec le seigneur de Théligny l’avant-garde de l’armée protestante. Dans le récit qu’il fait de cette dernière affaire, dans ses Discours politiques et militaires, il reconnut avoir été redevable de la vie à la générosité du duc d’Anjou. La Nouë, s’étant évadé très peu de temps après de sa prison, alla trouver le comte de la Rochefoucaud à la Rochelle, où il se prépara à faire une vigoureuse résistance, sur le bruit qui s’étoit répandu que le duc d’Anjou devoit venir attaquer cette ville. Il commandoit en Guyenne au nom du roy de Navarre en 1570 ; reprit Marans en la même année ; s’empara aussi de Luçon, du Gué, de Langon, du Grève et de Mareuil ; vint fondre sur les Sables-d’Olonne que le vice-amiral Landreau avoit très bien fortifié, et rasa le château et les retranchemens ; défit le seigneur de Puygaillard au village de Gemmes ; s’empara d’Olleron, de Marennes, de Soubise, de Brouage et de Fontenay-le-Comte où il eut le bras cassé d’une arquebusade le 17 juin 1570. On fut obligé de le luy couper ; et il s’en fit remettre un de fer, ce qui le fit appeler par la suite La Nouë Bras-de-Fer. La blessure de ce brave général affligea beaucoup les protestants ; mais elle ne l’empêcha pas d’être moins actif dans toutes les affaires où il se trouva. Dans cet intervalle, il paroit qu’il rentra dans les bonnes graces du roy Charles IX ; du moins est-il prouvé, par un acte du 26 may 1571, qu’il étoit alors gentilhomme ordinaire de sa chambre. L’année suivante il soutint le siège de Mons avec le comte Louis de Nassau contre le duc d’Albe ; mais n’étant pas assez fort pour se soutenir contre luy avec le peu de troupes qu’on luy avoit d’abord données, [et ayant appris la mort de l’amiral de Coligny à la journée de la Saint-Barthelemy,] n’ayant plus d’espérance du côté de la France, dans cette position, ne sachant où se retirer, il eut recours au duc de Longueville, son ancien ami, [ce prince l’ayant présenté au roy,] qui en écrivit au roy ; [Il en fut très bein accueilly parce que l’on avoit autant d’estime de sa probité que de son courage, et que dans le temps que la guerre civille étoit le plus allumée, il avoit toujours fait paroitre de la moderation, de l’eloignement pour les conseils violens et même beaucoup de desir de voir finir les troubles du royaume] et, sur la réputation de probité et de bravoure dont il jouissait, Sa Majesté luy donna en 1572 le commandement de la Rochelle. Arrivé à la Cour, le roy le reçut à bras ouverts et luy rendit les biens du seigneur de Théligny son beau-frère qui avoient été confisqués. Il l’engagea ensuitte de s’employer à inspirer aux Rochelois des sentiments de soumission et de paix. La Noue s’en excusa longtemps, mais enfin, sollicité par le roy de la manière la plus instante, il accepta cette commission, sous condition qu’on éviteroit de se servir de son ministère pour les tromper, et partit accompagné de l’abbé de Gadagne qui eut un ordre secret de veiller sur sa conduitte. [On fut surpris à la Cour de ce choix, mais on eut bientôt sujet de s’en repentir, car La Nouë engagea de nouveau les rochelois à se révolter.] Les députez de la Rochelle qui allèrent le trouver dans un village voisin, pour écouter ses propositions le traitèrent d’une manière très mortifiante pour un homme jaloux de l’estime de ses amis. Nous avons été appellés (disoient-ils), afin de conférer avec M. de la Noue ; mais où est-il ? Nous ne le reconnaissons point icy. La Noue, outré de cet affront, se contente de garder le silence, et demande à entrer dans la ville. Le peuple ne luy fait pas un meilleur accueil. On refuse de délibérer sur les paroles de paix qu’il apportoit, et on lui répond seulement qu’il n’a que trois partis à choisir : se rettirer en Angleterre, rester dans la ville comme simple particulier, ou devenir leur général. La Noue, après avoir pris conseil de l’abbé de Gadagne, se détermina à prendre le commandement [et en même temps faisant assurer le roy que la conduite qu’il tenoit n’etoit que pour les empêcher de se livrer à quelque puissance étrangère]. On vit donc un homme envoyé par le roy, s’attirer toute la confiance des révoltés, et ce même homme, de l’aveu du roy, rester à la tête de ceux qui faisaient la guerre à leur Prince. Il soutint néanmoins ce double personnage de défenseur de la Rochelle et de ministre de la Cour avec une intégrité qui luy mérita l’attention générale. Il n’étoit occupé qu’à mettre en sûreté la ville dont le Roy luy avoit confié le commandement ; quand il avoit remporté un avantage dans un assaut ou une sortie, il engageoit les citoyens à être moins opiniâtres, et à accepter les propositions avantageuses que le roy leur faisoit. Il essuya plusieurs fois des affronts de la part des ministres de sa religion, trop prévenus contre la paix par les exemples passés, et de la part d’une populace séduite et brutale. Mais jamais il ne donna lieu à aucun soupçon. Il désiroit la mort dans ces occasions, en voyant un peuple qui luy étoit cher courir à sa perte. Cependant, espérant tout du temps et de la patience, il continuoit ses bons offices, exemple rare d’une probité respectée, au point d’être réclamée par les deux partis, dans le moment critique de la plus grande animosité. [Mais le roy ne voulant plus ajouter foy à ses promesses envoya monsieur de Biron qui en forma le siège au mois de décembre.] Il avoit sous ses ordres environ 3500 hommes ; ce fut avec ces forces que la ville de la Rochelle, qui se donna pour lors le titre de République, attendit l’effort d’une armée formidable, dont le duc d’Anjou étoit général. Le siège commença au mois de février 1573. Les Rochelois se défendirent avec la plus grande valeur ; mais, au moment qu’ils se félicitoient de leurs succès, le duc d’Anjou voyant les efforts de La Noue pour la paix, inutiles, le fit sommer de quitter la ville. Il revint dans l’armée royale, où, par sa prudence, il arrêta les effets d’un complot qui aurait pu avoir des suites très fâcheuses. Dans la même année 1573, La Noue enleva aux catholiques Mesle et Luzignan ; mais sa conscience luy reprochant d’avoir abusé de l’autorisation que le roy luy avoit confiée, il résolut de chercher une mort honorable dans les sorties que firent les assiégés ; et se mêla si avant qu’il y eut été tué sans un gentilhomme nommé Marcel qui luy para le coup. En 1574 il fut déclaré du consentement de toute la noblesse huguenote, commandant des armes à la Rochelle, en Poitou, en Saintonge et en Angoumois ; s’empara en 1575 de Benon et du château de Saint Jean d’Angle, et manqua de surprendre Niort. Il passa en 1578 au service des Etats généraux dans les Pays-Bas et leur fut d’un grand secours. Il fit prisonnier le comte d’Egmont à la prise de Ninove ; mais lui-même éprouva le même sort en 1580 ; et les Espagnols ne luy rendirent sa liberté qu’en 1585, où il fut échangé avec le comte d’Egmont. Ce fut donc à la ditte époque qu’il fut fait maréchal de camp général de l’armée des Pays-Bas sous le duc d’Anjou qui dit un jour hautement qu’il n’avoit jamais trouvé parmi les huguenots que luy seul d’homme de bien. En 1588 le duc de Lorraine ayant tenté de s’emparer des Etats du duc de Bouillon, La Nouë, par sa valeur et par sa sage conduite, le fit échouer dans son entreprise ; et sauva cette belle succession à Charlotte de la Marck. Ce brave capitaine que sa brillante réputation avoit fait retenir longtemps prisonnier chez les Espagnols commença alors à reparaître et à faire parler de lui en soutenant une cause plus juste que celle où il s’étoit tant signalé pendant les guerres civiles. Ayant appris le traité que le roy Henri III faisait avec le roy de Navarre, il partit de Lorraine et vint prendre le commandement de l’armée que le duc de Longueville le força d’accepter à raison de son jeune âge et de son peu d’expérience exigeant même de luy par une modestie dont il y a peu d’exemples, qu’il luy assignat son poste comme à un officier soumis à ses ordres. Ce prince appelle La Noue à la tête des bataillons, le salue général et exhorte les officiers à le reconnaître ajoutant Quant à moi, je luy obéiray comme soldat. La Noue, dont le caractère fut toujours une grande modération, en donna dans cette circonstance de nouvelles marques qui lui firent beaucoup d’honneur, et ce ne fut qu’après bien de la résistance qu’il se chargea de ce commandement ; mais il fit une action qui luy mérita encore beaucoup de louanges. Il étoit question de conduire des poudres et des munitions dans Senlis. Les marchands ne vouloient pas les livrer sans argent ou au moins sans caution. Personne ne se trouvait en état d’en avancer ou de s’engager. La Noue s’étant adressé à quelques traitans, il ne s’en trouva pas un qui voulut s’y prêter. Comme ces gens-là s’étoient fort enrichis au service du roy, il leur reprocha leur ingratitude avec beaucoup d’indignation ; mais voyant que cela ne leur faisait aucune impression : Hé bien leur dit-il, ce sera donc moi qui feray la dépense, garde son argent quiconque l’estimera plus que son honneur ; tandis que j’auray une goutte de sang et un arpent de terre, je l’employeray pour la défense de l’Etat où Dieu m’a fait naître. Et aussitôt, il engagea sa terre du Plessis des Tournelles aux marchands qui devaient fournir les munitions. Dès que toutes ses dispositions furent faites, il marcha au-devant du duc d’Aumale et remporta sur ce prince une victoire complète. La Noue, en ayant reçu les compliments avec sa modestie ordinaire, et les officiers étant venus, après la bataille, luy demander dans son quartier ce qu’ils avoient à faire : Allons messieurs, leur dit-il, le demander, à Senlis à monsieur de Longueville ; c’est luy qui nous donnera ses ordres à vous et à moy. Il n’y eut personne, ny à la cour ny par toute la France, qui ne luy attribuat toute la gloire de cette affaire. L’historien de sa vie remarque comme une chose fort singulière que la ville de Senlis ayant ordonné une fête anniversaire en mémoire de sa délivrance, on y faisoit non seulement des prières pour le roy, mais encore pour monsieur de la Nouë même depuis sa mort, tout huguenot qu’il étoit, et pour toute sa postérité. Le roy quelque temps après lorsque La Noue luy alla faire sa cour au camp devant Pontoise, luy fit expédier le brevet pour la première place de maréchal de France qui viendrait à vaquer et luy accorda encore d’autres récompenses, mais les révolutions qui arrivèrent dans la suite empêchèrent l’effet de toutes ces graces. Après la bataille, La Noue, ayant remis au duc de Longueville le commandement de l’armée, partit avec ce prince pour aller au-devant des suisses et des allemands que le fidèle Sancy avoit levés sur son propre crédit, [suivant l’ordre qu’ils en avoient reçu du roy]. Ils ravitaillèrent Vincennes en passant et tirèrent sur Paris quelques coups de canon qui y jetèrent l’épouvante. Le 22 mars 1590 le roy luy fit expedier un brevet de gratification de 30000 écus somme considérable pour ce temps en raison de l’epuisement des finances. [Dans la même année il se rendit au siège de Paris où emporté par l’ardeur du combat, il courut risqué de la vie, y ayant eu cheval de prix dont le roy luy avoit fait present tué sous luy, et] il fut même blessé d’un coup de mousquet à la cuisse en à l’attaque du Faubourg Saint-Martin. En 1591 le roy l’envoya en Bretagne pour servir de [lieutenant general et de] conseil au prince de Dombes ; luy seul tenait lieu au roy du grand nombre de troupes qu’il auroit été forcé d’opposer au duc de Mercœur ; mais pour le malheur de la France, ce brave homme fut blessé d’un coup de mousquet à la tête au siège de Lamballe, qui fut fait contre son avis et qui luy causa la mort. La Noue ayant envoyé un officier pour reconnaître la brèche et n’ayant point été satisfait du rapport qu’on luy en fit, ordonna que l’on mit une échelle tout près du fossé derrière quelques ruines d’où il pouvait voir la contenance des ennemis. Après avoir tout examiné, il fit signe de la main droite aux troupes d’avancer pour donner ; mais dans l’instant une balle luy ayant effleuré le front et fait détourner la tête, ce mouvement subit le fit chanceler, et comme il n’étoit accroché à l’échelle que par son bras de fer attaché à son épaule, il fit une si cruelle chute qu’il se cassa la tête et mourut 15 jours après emportant les regrets de tous les François. Les mémoires de l’Etoile disent que « le Roy perdit la fleur de la noblesse en monsieur de la Noue tué devant la ville d’Amballe, en Bretagne ». Cet événement fut cause de la levée de ce siege. Sa mort fut une grande perte pour la France, et le roy y témoigna la plus grande [sensibilité]. En effet de l’aveu de tout le monde, c’était un des plus grands capitaines et des plus honnêtes hommes de son temps ; intrépide dans l’action, toujours pour le parti le plus modéré, dans le conseil plein de droiture, incapable de la moindre duplicité, aimant sa patrie, désirant toujours sincèrement la paix, prenant toujours les armes sans ambition, sans intérêt, mais uniquement comme un devoir que luy prescrivait sa conscience [fort régulier d’ailleurs dans sa religion], excellant surtout dans une guerre de chicane, sachant toujours tourner à son avantage tous les obstacles qui se présentoient à luy, n’étant jamais sans ressources, se remontant en force le lendemain du jour où il avoit été battu, harcelant sans cesse l’ennemi, formant des entreprises, et surtout ne manquant jamais de troupes, que sa réputation seule luy procurait de toute part. [Tel étoit le caractère que les historiens attribuerent à ce héros.] La capacité de cet homme célèbre est assez connue par les Discours politiques et militaires qu’il nous a laissés, et dont le style net, les réflexions judicieuses sur les guerres intestines, et un certain caractere d’homme d’honneur qui y règne partout, cadrent parfaitement avec les éloges que les historiens se sont tous empressés de luy donner sur sa vertu, sur sa modération, sa politesse et sa prudence. On a tout lieu de croire qu’il ne fut admis dans l’ordre de Saint-Michel que dans les 3 premières années du règne d’Henry IV, à moins qu’il n’y ait été nommé en 1509 après la bataille de Senlis où le roy Henry III promis de le faire maréchal de France, et ajouta encor à cette promesse d’autres graces effectives. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il ne paroit pas qu’il en fut encor décoré en 1585 suivant un acte original du 5 may de cette année où il ne prend que la qualité de chevalier purement et simplement. [On ignore sa filiation. Ses armes d’argent fretté de sable et un chef de gueules chargé de 3 tetes de loup d’or arrachées.]

François de la Noue était fils de François, et de Bonaventure L’Espervier, dame de Briot. Sa vie a été écrite par Moyse Amirault et publiée en 1661 à Leyde par Jean Elsevier (in-4o). On peut également consulter à son égard Montaigne qui en fait un très bel éloge. Il épousa 1o Marie de Luzé, fille de René de Luzé, chevalier de l'ordre du roi, et d’Anne de Brinon ; 2o Madeleine de Téligny, fille de Louis et de Louise de Coligny. Marie de Luzé était veuve pour la troisième fois lorsqu’elle épousa François de la Noue. Mariée d’abord à deux seigneurs catholiques, à un cousin de Gabriel de la Vallée, chevalier de l'ordre du roi, second mari d’Anne de Brinon, sa mère, et au baron de Lumigni, elle embrassa la religion réformée en épousant le seigneur de Mouy, Charles de Vaudray, « huguenot conjuré des plus rebelles qui fussent en France, lequel fut tué… au camp par le sieur de Maurevart » (Claude Haton). Après la mort du sieur de Mouy, elle consentit à servir d’otage auprès de la reine d’Angleterre « pour les deniers qu’icelle royne avoit prestez aux huguenots… ». Elle fut si malheureuse en ce pays, elle y « eut tant de mal et de disette, faulte de pain son saoul, qu’elle fut contraincte de manger les herbes et racines d’icelles toutes crues » (idem). Lorsqu’elle revint en France, sa mère venait de mourir ; et elle recueillit sa succession. Sans parler de l’argent qui montait, dit Claude Haton, « à plus de huict mille livres tournois de rente par an », elle entra en possession des terres et seigneuries du Plessis-aux-Tournelles, de Cucharmoy, Maison-Rouge, Mitoy, Courtevroux, Landoy, Montmitel, la Chapelle-Saint-Sulpice, Vullaines, Gouaix, Meel-sur-Seine. De son côté, François de la Noue possédait quelques domaines en Bretagne, entre autres les terres de l’Epine-Gaudin, en Saint-Julien-de-Concelles, du Loroux-Bottereau, paroisse de ce nom, de la Verrière en Saint-Donatien, etc. Avant de l’épouser, Marie de Luzé avait passé par diférentes péripéties. La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemi, de la sédition bartholomienne, comme dit le chroniqueur Haton, l’avait obligée d’abandonner son château du Plessis-des-Tournelles, où elle ne se croyait plus en sûreté. Elle avait fui, déguisée en femme de laboureur, et s’était réfugia dans la maison du seigneur de Lalande son oncle, près Vimpelles, lorsque le sieur de Rancé-Corcelle, colonel des légionnaires de Champagne et de Brie, l’enleva et la conduisit en Champagne, dans l’espérance de l’épouser. Marie de Luzé résista à ses supplications ; elle dut donner trois de ses terres par acte notarié pour se faire conduire à Genève ; mais elle sut garder sa foi au seigneur de la Noue.

Odet de la Nouë, seigneur de Théligny, de la Nouë, du Chatellier, de Montreuil-Bonnyn, de la gacherie et de Chavannes, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, conseiller en ses conseils d’Etat et Privé, [conseiller d’État d’épée,] capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances, commandant pour Sa Majesté au Fort de Goumay-sur-Mame et mestre de camp d’un régiment d’infanterie, fut honoré de l’ordre de Saint-Michel vers le règne d’Henri IV. On le trouve qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un acte original du 3 juillet 1596. Il se trouva au siège de Lille en 1584, où il commendoit une compagnie et y montra quoique fort jeune alors (dit monsieur de Thou), qu’il étoit héritier de la valeur de François de la Noue son père [ayant été regardé dès cette epoque comme un general expérimenté au jugement au jugement même des espagnols et des italiens dans cette activité]. Il tua aux ennemis environ 300 hommes et fit prisonnier le capitaine des mineurs qu’il conduisit à Lille. Il obtint du roy Henri IV une gratification de 8000 écus le 3 may 1594 en récompense de ses services distingués ; et fut fort affectionné de ce monarque. Le jour que ce prince entra dans Paris en cette même année des sergents se saisirent du bagage d’Odet de la Nouë pour des dettes que son père avoit contractées à son service. La Noue ayant été en porter ses plaintes au roy, ce monarque luy répondit publiquement : La Noue, il faut payer ses dettes ; je paye bien les miennes ; mais ensuite le roy le tira à part, et luy donna un certain nombre de ses pierreries pour engager aux créanciers qui s’étoient saisis de son bagage. [Au mois de janvier 1597, etant alors capitaine de 50 hommes d’armes, Sa Majesté luy donna une gratification pour être venu la trouver de Vendôme à Rouen pour affaires relatives à son service, et au mois d’avril suivant, il en obtint une autre de 400 écus pour un autre voyage qu’il avoit fait de Saumur à Rouen relatif au service de Sa Majesté. Il étoit à cette dernière époque mestre de camp d’un régiment d’infanterie.] Il fut député de la noblesse de Poitou aux États généraux tenus à Paris en 1614, et assista encore à l’Assemblée des Notables faite à Rouen en 1617. [Il étoit fils de François de la Nouë, seigneur de la Nouë, chevalier de l’ordre du roy, et de Marie de Luré. Même armes que son pere.]

Sur la fin de sa vie en 1617, Odet de la Noue fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Hollande, « où son nom et sa religion le rendaient agréables, » dit Richelieu dans ses Mémoires. Sans parler de sa valeur personnelle, il ne pouvait être que bien accueilli du prince d’Orange, Guillaume de Nassau. Ce dernier en effet avait épousé Louise de Coligny, veuve de Louis de Théligny, et mère de Madeleine de Théligny, 2e femme de François de la Noue. « Je l’ay veu, en ma jeunesse, ambassadeur extraordinaire en Hollande, écrit Aubery en ses Mémoires, aussi généreux que son père, suivant ses vertueuses traces ». Il avait épousé Marie de Lannoy.

Claude de la Nouë, seigneur de la Noue, de Chavannes et du Plessis, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances et sénéchal de la châtellenie de Montreuil-Bonnyn, est qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un aveu qu’on luy rendit, le 11 février 1629 [(titres de messieurs de la Fayette). On le croit fils d’Odet de la Nouë, seigneur de la Noë, chevalier de l’ordre du roy. Ses armes comme cy devant].

Claude de la Noue épousa Madeleine de Saint-Georges de Vérac. Il obtint du roi Louis XIII en 1634 une compagnie de chevau-légers d’après la note suivante qui a été publiée dans la correspondance du cardinal de Richelieu. « Ce 14 octobre 1634, M. de la Noue supplie Votre Majesté de luy accorder une compagnie de chevau-légers faisant partie des 1500 que l’on doit lever pour son service en Allemagne. Il est homme qui cognoist le pays et entend la langue ». Louis XIII écrivit en marge « Je le treuve bon ».

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Réformation de la noblesse (1668-1671)

Cette famille ne semble pas avoir produit lors de la Réformation.