Extrait
Chevaliers de Saint-Michel
Le sieur de Tallevert fut admis dans l’ordre de Saint-Michel vers le règne de Charles IX ; et on le trouve qualifié chevalier de l’ordre du roy dans un procès-verbal de la réformation de la Coutume de Bretagne du 15 août 1575 [(Coutumier général, Paris 1615, page 798)], ayant été député pour cet effet de la noblesse de l’évêché de Vannes. Il ne vivoit plus en 1579. [On n’a aucune connaissance de sa famille.]
Ce chevalier de Saint-Michel était Jacques de Launay, seigneur de Tallevert, pensionnaire du roi en Bretagne, décoré de l’ordre avant 1570. Il assista à toutes les tenues des États de la province depuis 1567 jusqu’à 1575, et il est désigné dans les procès-verbaux sous ce nom de sieur de Tallevert, écrit Tallevern, Talvern, Talvert et même Talmert. Le procès-verbal des États extraordinaires tenus à Rennes le 3 juin 1571 mentionne cependant le nom de sa famille : Jacques de Launay, seigneur de Tallevern. S’il restait quelques doutes sur son identité, nous emprunterions une preuve très concluante à ces mêmes procès-verbaux du Greffe des États de Bretagne. Nous y lisons ce qui suit, en date du 26 septembre 1575 : « Le sieur de Tallever a présenté les lettres et missives de M. de Bouillé contenant son excuse de ne s’être pu trouver à la présente assemblée, laquelle veue, a été advisé qu’il y seroit faict la réponse ci-après ». La lettre de M. de Bouillé commence ainsi : « Mon oncle, M. de Talvert, vous pourra dire comme il m’a laissé malade d’une descente qui m’est tombée sur un bras, qui me faict si grand douleur que j’en ay presque toujours la fiebvre... etc. » (Bibliothèque nationale, Français 8276, folio 125). Ainsi le seigneur de Tallevert était l’oncle de M. de Bouillé, autrement dit, de Georges de Bueil, seigneur de Bouillé, chevalier de l'ordre du roi, lieutenant-général au gouverneur de Bretagne. Or Georges de Bueil, d’après le P. du Paz, le seul auteur qui ait indiqué cette alliance, avait épousé Louise de Launay (Histoire des maisons illustres de Bretagne, page 779). Jacques de Launay, seigneur de Tallevert, appartenait à la même famille qu’Olivier de Launay, seigneur de Guerngelin, contrôleur général de la maison de la Reine Éléonor. Nous avons en effet trouvé aux Pièces originales de la Bibliothèque nationale une quittance sur parchemin donnée par lui le 31 décembre 1564 et scellée de ses armes que nous avons lues très distinctement : d’argent au chevron engreslé de sable. « Je, Jaques de Launay, seigneur de Tallevert, cappitaine entretenu pour le roy en sa marine du ponant, confesse avoir reçu comptant de M. Jehan Laz, conseiller du roy, trésorier... général de sa marine du ponant, la somme de sept vingtz livres tournois à moy ordonnées par le roy pour mon estat et entretenement de cappitaine en icelle marine et ce, pour l’année commençant le premier jour de janvier mil cinq cent soixante ung et finissant le dernier jour de décembre mil cinq cent soixante deux (sic), etc. ».
Olivier de Launay, seigneur de Guerngelin, controleur général de la maison de la reine Éléonor d’Autriche, seconde femme du roy François Ier, ne vivoit deja plus en 1548. On conserve à la Bibliothèque du roy son portrait où il est représenté avec le collier de l’ordre de Saint-Michel pendu au cou, et dans l’énoncé des qualités qu’on lit autour il est nommé avec celle de chevalier de l’ordre de Saint-Michel qu’on luy trouve encor dans un diplôme de l’Empereur Léopold du 3 des nones d’août 1658 par lequel il créa baron de l’Empire Jean de Launay, son petit-neveu, et où il est dit aussi que ledit Olivier de Launay fut créé comte de l’Empire par l’empereur Charles V. De plus, suivant d’autres mémoires, il fut aussi chambellan du roy Henri II ; mais tout cet édifice de dignités s’écroule à la vue de deux quittances (conservées en original à la chambre des comptes de Paris) que sa veuve Béatrix de Montfranc donna au trésorier de l’Épargne le 19 nov. 1548 de la somme de 134 livres 6 sols 10 deniers de sa pension de 1548, et le 16 novembre 1549 de celle de 165 livres 8 sols 7 deniers de sa pension de 1549 dans lesquelles elle est dite veuve de maître Olivier de Launay, contrôleur général de la maison de la reine Éléonor, qualités diamétralement opposées à celles de chevalier de l’ordre, de chambellan du roy et de comte de l’Empire [du reste on ne peut douter que Jean de Launay son petit-neveu n’ait été créé baron de l’Empire par le susdit diplôme de 1658][1].
Armes d’argent au chevron engreslé de sable, alias de gueules au chevron d’argent accompagné de trois besants d’or, écartelé de Pontzal. Cette famille qui compta un chevalier de Saint-Michel en la personne de Jacques de Launay, seigneur de Tallevert (voyez ce nom), s’allia deux fois à l’illustre maison Bueil : 1o par le mariage de Georges de Bueil, seigneur de Bouillé, lieutenant général au gouvernement de Bretagne, chevalier de l'ordre du roi, avec Louise de Launay ; 2o par le mariage en 1585 d’Honorat de Bueil, fils d’Honorat, chevalier de l’ordre, gouverneur de Saint-Malo, avec Béatrix de Launay, dame de Guerngelin et de Pontzal, que nous croyons la dernière du nom, et qui épousa, en secondes noces Nicolas de Talhouët, chevalier de l'ordre.
Il est plus que probable que ce portrait fut déposé à la bibliothèque du roy dans le temps que fut arrangée cette affaire pour lui donner un caractère d’ancienneté (Note de d’Hozier).
Notes
- ↑ Dans la première partie de l’ouvrage (page 310), Jean-François d’Hozier le prend comme exemple de témoignage fait au hasard par des historiens complaisants. Il ne s’agit probablement pas de la même famille que le précédent, quiqu'en dise Gaston de Carné.