Armorial Breton

Guy Le Borgne, 1667

Bouillon1 : duc et prince de Sedan2, pour les armes voyez la Tour d’Auvergne.

Bourgogne, duché et doyen des anciens pairs de France, portoit pour armes antiques bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueulle. Modernes semé de France à la bordure componée d’argent et de gueulle avec la devise, Tout par amour et rien par force.

Boute-ville3 : Montmorency, pour les armes, voyez Montmorency.

Brest. Ville et citadelle en bas-Léon des plus renommée de la province, tant pour sa situation et rare structure, que pour estre décorée d’une des belles chambres du royaume pour recevoir des armées navalles de quelque port que fussent les vaisseaux. Porte my-party de France et de Bretagne.

Bretagne. En sa première création, érigée en royaume, ayant produit, selon l’opinion commune des historiens, seze roys consécutifs tous chrestiens, depuis érigée en duché par le roy Philippes le Bel environ l’an 1197. Pour ses armes antiques, les annalistes ne se rapportent point, luy attribuant tantost des macles pareilles à celles de Rohan, que l’on tient prendre origine de Maclianus qui dominoit en cette province du temps du roy Clovis, tantost des gerbes, les plus modernes et récentes, sont d’argent semé d’hermines de sable avec cette devise, à ma Vie. Les anciennes chroniques attribuent ce changement d’armes à Artur le Preux roy de la Grande-Bretagne, lequel ayant levé une puissante armée pour conquérir les Gaulles, du temps que Flolo, l’un des tribuns de Rome, en estoit gouverneur, sous le règne de Léon I empereur des Romains, auroit mis le siège devant Paris, où Flolo s’estoit réfugié avec ses gens d’armes, lequel se déffiant de ses forces, et jugeant bien ne se voir en estat de pouvoir repousser ledit Artur, il luy fist faire un déffy de combattre seul à seul l’un contre l’autre, et celuy des deux qui demeureroit victorieux seroit proclamé souverain des Gaulles : ce que Artur consentit de faire à la veue des deux armées, néantmoins que Flolo fust d’une stature toute gigantalle et bien d’une autre force que luy, et s’estans donc tous deux rendus en l’isle de Nostre-Dame de Paris, lieu destiné pour cet effet, la sacrée Vierge Marie s’apparut au fort du combat entre ces deux valleureux champions, qui de l’envers de son manteau fourré d’hermines couvrit le bouclier d’Artur, dont Flolo demeura tellement effrayé et interdit, qu’en l’instant il perdit la veue, et au mesme temps Artur, quoyque grièvement blessé, luy déchargea un coup de son épée (appellée Caliburne) sur la teste, et le laissa tout roide-mort sur la place. De laquelle vision, Artur ayant esté averty de circonstance en autre, fist bastir une église en l’honneur de la bien-heureuse Vierge Marie mère de Dieu, au lieu où est à présent l’église de Nostre-Dame de Paris, et délibéra avec Hoël (surnommé le Grand) son neveu IV roy de cette province, de prendre à l’avenir les hermines pour leurs armes, qui ont esté depuis continuées par les successeurs roys et ducs de Bretagne, laquelle fut unie et incorporée pour jamais à la Couronne de France au grand consentement des bretons, sous le règne de François I du consentement des Estats de cette province, en l’an 1532.